Accueil Culture Exposition: La photo, ce parent pauvre du festival

Exposition: La photo, ce parent pauvre du festival

Une exposition de portraits, prenant place à la Cité de la culture, rend hommage aux métiers du cinéma. Mais la manifestation, qui se tient dans le cadre des JCC, est entourée d’anonymat : pas de titre, ni de nom de son auteur, ni encore de son parti pris


Nidhal Chatta, réalisateur, Imed Marzouk, producteur, Ahmed Bennys, directeur photo, Lilia Lakhoua, chef costumière, Hajer Bouhawala, chef maquilleuse, Bassem Marzouk, chef décorateur, Skander Dhaoui, chef électro, Mounir Baaziz, assistant-réalisateur, Fadhel Jaziri, réalisateur… Les portraits des représentants des divers métiers du cinéma (manque toutefois un maillon de la chaîne, à savoir les acteurs) réalisés en plans serrés ou en plans poitrine en noir et blanc,  défilent ces jours de JCC, en queue leu leu, les uns derrière les autres à l’entrée de la Cité de la culture. Ces deux cadrages semblent pertinents dans la mesure où ils mettent l’accent sur le regard, les traits du visage et l’expression faciale. Hautes de deux mètres, exposées verticalement sur des panneaux, tel des affiches publicitaires, les photos par leur dimension frontale attirent et interpellent les visiteurs. Certains parmi les modèles sourient, d’autres abordent un rire spontané lorsque plus loin certains grimacent ou clignent des yeux dans un geste de complicité volontaire avec les regardants.

Le travail du photographe, qui a produit cette série, est intéressant à plusieurs niveaux. Artistiquement d’abord, la série, vibrant de vie et de vérité, donne l’impression que ces techniciens et artistes du cinéma accueillent avec bienveillance les cinéphiles. Ensuite, sa mise en place dans un endroit stratégique des JCC ne manque pas de rencontrer le chemin des spectateurs du festival venus pour voir des films à l’Opéra ou au Théâtre des Régions. D’autre part, l’ordre suivi dans la scénographie rappelle un générique de film, qui cite à la fin d’un long ou d’un court-métrage tous ceux à l’origine d’une œuvre fondamentalement basée sur une énergie de groupe.

Or malheureusement, l’exposition pâtit de plusieurs défaillances. Pas de titre. Aucun texte de présentation ne l’accompagne. Chose qui  laisse le visiteur dans le flou par rapport aux critères de sélection des personnalités dont on a tiré le portrait (où est Moufida Tlatli, à laquelle cette session rend hommage ? Où sont les personnalités historiques du cinéma tunisien), mais aussi au parti pris du photographe ou des photographes (qui sait ?) et de sa ou ses techniques. Pis encore : aucun nom de l’auteur ou des auteurs n’est visible sur les murs de la Cité. Interrogés, le personnel de la Cité de la Culture, qui vont, et viennent et les vendeurs de tickets, dont les box avoisinent l’exposition, ignorent tout de l’évènement. Ni sur le catalogue de poche distribué gratuitement aux cinéphiles, ni sur le catalogue en ligne, il n’est fait mention de l’exposition.

Il ne s’agit pas là d’une première, d’un oubli, ni d’une erreur de parcours, ni encore d’une exception à la règle. Au contraire, depuis toujours, les expositions de photos semblent représenter une charge à exécuter à la dernière minute pour les organisateurs des JCC, de toute apparence empêtrés qu’ils sont dans la sélection des films, la gestion du programme et de la logistique générale. Et pourtant, ils s’ingénient quand même à multiplier les manifestations en rapport avec l’image fixe. Résultat : des expositions bâclées, exécutées dans l’urgence et le sens de l’improvisation. Autant dans ces conditions prévoir un seul évènement du genre tout en prenant le temps de le réfléchir et de le confier à un commissaire. Car la photo, qui est historiquement à la source même de la naissance du cinéma, mérite beaucoup mieux !

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